Kichi Makwa Ikwe, Kimberly James

Juin 2025

Darlene Ross

  • Collectivité d’origine :
    Bigwan Shkoo Ziibi (Roseau River). Je reconnais les collectivités suivantes afin d’honorer mes liens familiaux à Tootinaowaziibeeng (Valley River) et à Ishkwaawinaaning (Skownan)
  • Identité culturelle :
    Anichinabée
  • Poste actuel :
    Enseignante de 3e et de 4e année, programme de langue ojibwée Riverbend Gikinoo'amaagewigamig.
  • Éducation et formation :
    B.A., B.Ed. (programme communautaire de formation des enseignants autochtones), programme de post-baccalauréat en éducation. Université de Winnipeg M.Ed. à l’Université de la Saskatchewan
  • Rôles et responsabilités :
    À titre d’enseignante de la 3e et de la 4e année dans le cadre du programme de langue ojibwée, mon rôle est de cultiver un environnement en salle de classe qui est sûre et respectueuse et où les élèves se sentent fiers de leur identité et sont enthousiastes pour l’apprentissage de l’ojibwé. Je me concentre sur l’établissement de relations fortes, la création d’un sentiment de communauté et le soutien du cheminement linguistique de chaque élève par des enseignements culturels, la communication narrative, et des expériences pratiques et significatives.
« Je vous vois. Je sais que la route a l’air longue, surtout lorsque vous portez non seulement le fardeau de vos propres rêves, mais aussi celui de la guérison de générations de personnes. Mais vous appartenez à la communauté. Votre histoire, votre voix et votre force comptent. »

Quels obstacles avez-vous eu à affronter et comment les avez-vous surmontés?
Mon parcours en éducation est profondément ancré dans les principes de la guérison, de l’espoir et du désir de créer un meilleur avenir pour la prochaine génération. En tant que femme anichinabée, je porte les effets intergénérationnels du système des pensionnats autochtones. Ces effets se sont manifestés sous forme de dysfonctions au sein de ma famille et j’ai souvent ressenti le poids des traumatismes qui nous ont été injustement imposés. En dépit de ces défis, j’ai toujours su que j’allais faire des études universitaires, même si je ne savais pas comment j’y parviendrais. Ce parcours s’est précisé lorsque j’ai été admise dans la première cohorte du programme communautaire de formation des enseignants autochtones par l’entremise de la Division scolaire de Seven Oaks, en partenariat avec l’Université de Winnipeg. C’était grâce à ce programme, et l’important réseau de soutien qu’il offrait, que j’ai trouvé ma voie. Il fallait bien plus que la persévérance dans mes études pour surmonter ces défis; il fallait aussi guérir. J’ai dû apprendre à croire en l’importance de ma voix et que le fait de réclamer une place dans le système d’éducation en tant qu’Anichinabée était non seulement possible, mais nécessaire.

Qu’est-ce qui ou quelle est la personne qui vous a inspirée à poursuivre la profession que vous exercez maintenant?
Plusieurs personnes m’ont inspirée à poursuivre une carrière en éducation. Ma meilleure amie, Bernadette Smith, m’a poussée à croire en mes capacités et m’a rappelé l’importance des voix autochtones dans le domaine de l’éducation. Mon mari, Kevin, a toujours été mon point de repère; il est stable et d’un grand soutien, même lors des moments difficiles. Ma grand-mère, Theresa Eagle, qui a fréquenté un pensionnat, nous a souvent parlé de l’importance de l’éducation. Elle portait sa douleur avec force et grâce, et ses mots sont toujours restés dans mon esprit. J’honore mes parents, Stanley et Gertrude James, et mes frères et mes sœurs, Stan Jr., Glenda et Glennie, qui ont toujours fait partie de mon cheminement. Leur encouragement, leur résilience et leur amour m’ont permis de voir que poursuivre une carrière en éducation ne me concernait pas seulement, ça concernait tout le monde. C’était une façon de briser les cycles, d’honorer le passé, et d’imaginer quelque chose de meilleur pour nos familles et nos communautés.

Quelles décisions importantes avez-vous prises qui vous ont aidée à être là où vous êtes aujourd'hui?
La décision la plus importante que j’ai prise était celle de devenir enseignante, pas seulement pour moi, mais pour mes enfants, Kevin Jr., Kelly et Kyle. Je voulais qu’ils vivent une meilleure expérience scolaire que moi. Je voulais qu’ils puissent aller en salle de classe en se sentant vus, valorisés et fiers de leur identité et de leurs origines. Je voulais leur faire savoir qu’être Anishinabé est une force, et non quelque chose à cacher ou à surmonter. Ce choix m’a amené à créer un espace en salle de classe axé sur l’amour, la langue et la culture. Aujourd’hui, je poursuis ce travail pour ma petite fille Rylee, afin qu’elle grandisse entourée de sa culture et de sa langue et avec un sentiment d’appartenance. Le fait d’apprendre à croire que mes actions comptent était une autre prise de conscience importante pour moi. Pendant longtemps, j’avais l’impression que je ne faisais pas assez. Mais j’ai fini par comprendre qu’il suffit de se présenter chaque jour avec amour, langage et intention. Réclamer la langue anichinabée dans ma salle de classe, au sein de ma famille et dans mon âme est l’un des choix les plus puissants que j’ai jamais faits, et cela continue à façonner ma raison d’être tous les jours.

Message d’encouragement :
Aux éducateurs autochtones actuels et futurs : Je vous vois. Je sais que la route a l’air longue, surtout lorsque vous portez non seulement le fardeau de vos propres rêves, mais aussi celui de la guérison de générations de personnes. Mais vous appartenez à la communauté. Votre histoire, votre voix et votre force comptent. Les systèmes d’éducation n’ont pas été créés pour nous, mais nous sommes en train de les recréer par notre présence. Continuez! Vous êtes le remède dont nos communautés ont besoin. Incarnez la voix pour laquelle nos ancêtres ont prié.