Kelly Chinchilla (Nishkewaasiiga’ed Ikwe)
« Femme qui brille seule »

Mars 2024

Kelly Chinchilla (Nishkewaasiiga’ed Ikwe) « Femme qui brille seule »

  • Collectivité d’origine :
    Les parents de ma mère venaient de deux collectivités ojibwées – Roseau River et Première Nation Skownan, toutes deux situées au Manitoba. J’ai également des origines métisses du côté de mon père (qui vient de Kinosota) ainsi que polonaises, mais je suis née et j’ai grandi à Winnipeg.
  • Identité culturelle :
    Anishinabée, métisse, et européenne de l’Est (polonaise)
  • Poste actuel :
    Je suis enseignante de la petite enfance à la Division scolaire de Seven Oaks depuis cinq ans (depuis septembre 2018). Je suis dans ma sixième année d’enseignement.
  • Éducation et formation :
    J’ai obtenu mon baccalauréat ès arts et mon baccalauréat en éducation en 2018 dans le cadre du programme communautaire de formation des enseignants autochtones (CATEP).
  • Rôles et responsabilités :
    Cette année, j’assume deux rôles d’enseignement : j’enseigne la maternelle le matin et je travaille à titre d’enseignante de soutien en langue et culture ojibwées en après-midi (à l’appui des sept classes bilingues ojibwées). Quelques-unes de mes responsabilités dans mon rôle de soutien en langue et culture ojibwées sont de travailler individuellement avec les enseignants de langue débutants, d’intervenir dans les cours d’ojibwé pour donner des enseignements ou des leçons de langue, et d’aider à diriger le club Powwow et le groupe Hoop Troop dans notre école. J’appuie également les aînés qui viennent visiter nos salles de classe en créant leurs horaires. De plus, je fais venir d’autres invités autochtones dans nos salles de classe pour parler de leurs connaissances culturelles à nos élèves.
« Dans un an, vous regretterez de ne pas avoir commencé aujourd’hui »

Quels obstacles avez-vous eu à affronter et comment les avez-vous surmontés?
Une chose que j’aime souvent faire connaître, c’est ma propre histoire d’autonomisation par la danse Powwow et l’apprentissage des chansons, des danses, des cérémonies, des langues et d’autres enseignements autochtones. Je n’avais pas appris ces choses-là en grandissant, ce qui m’a fait me sentir déconnectée et un peu perdue dans ma jeunesse. J’avais très peu de de confiance en moi et j’étais coléreuse et mélancolique dans mon adolescence et quand j’étais jeune adulte. Plusieurs expériences racistes que j’ai vécues à cette époque ont également contribué à cette mentalité négative. J’avais intériorisé les commentaires et les croyances stéréotypés et racistes que j’entendais souvent (surtout dans les écoles que je fréquentais) et j’avais l’impression de n’appartenir nulle part. Je suis issue d’une famille dont l’histoire est celle de la pauvreté, de la toxicomanie et du traumatisme intergénérationnel. Je n’avais aucun modèle positif pendant mon enfance.

Lorsque je suis devenue mère après avoir accouché de ma fille, j’ai commencé à apprendre (par des cérémonies et des enseignements) que la maternité est un rôle sacré dans les sociétés autochtones traditionnelles, et je voulais que ma fille apprenne nos traditions et notre histoire afin de renforcer son sentiment d’identité et de ne pas être aussi affectée par les expériences racistes ou les préjugés que moi. J’espère qu’elle sera fière de son identité et imprégnée des connaissances (historiques et sacrées) qui ont été autrefois proscrites dans ce pays.

Un autre défi qui a des répercussions sur ma qualité e vie et auquel je continue à faire face est ma maladie, le diabète de type 1, que j’ai depuis novembre 2016. J’ai développé cette maladie au cours de l’été 2016 et, progressivement, je suis devenue très malade, jusqu’au moment de mon diagnostic. Ceci est arrivé lorsque j’étais en train de terminer mes cours du semestre d’automne et sur le point de commencer mon premier stage d’enseignement. J’ai persévéré jusqu’à la fin de mon stage tout en m’habituant à l’insuline et en essayant de contrôler ma glycémie. Gérer cette maladie devient parfois très fatigant, mais je gère bien la situation en général et j’essaie de vivre une vie aussi normale que possible.

Qu’est-ce qui ou quelle est la personne qui vous a inspirée à poursuivre la profession que vous exercez maintenant?
À un moment donné au début de ma vingtaine, je savais qu’il me fallait une éducation postsecondaire pour un meilleur avenir, mais je ne savais pas si je voulais devenir travailleuse sociale ou enseignante. J’ai choisi l’éducation parce que je me rappelais à quel point beaucoup de mes enseignants et de mes camarades de classe ignoraient l’histoire des peuples autochtones ici au Canada. Je me suis rendu compte que cette situation devait changer. J’aime aussi penser au fait que mes grands-parents, qui ont survécu aux pensionnats autochtones, seraient fiers de ma carrière d’enseignante défenseuse de l’éducation autochtone.

Quelles décisions importantes avez-vous prises qui vous ont aidée à être là où vous êtes aujourd'hui?
L’une des décisions les plus importantes que j’ai prises pendant ma vie adulte était le fait de poser ma candidature au programme d’éducation CATEP offert à l’Université de Winnipeg, qui a un partenariat avec la Division scolaire de Seven Oaks. Cela m’a permis d’obtenir de l’expérience dans la division scolaire à titre d’auxiliaire d’enseignement jusqu’à ce que j’obtienne mes diplômes (baccalauréat ès arts et baccalauréat en éducation), puis de faire mon stage dans le programme d’ojibwé bilingue à la Riverbend Community School. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai accepté un poste, en septembre 2018, dans le programme d’ojibwé bilingue, où j’enseigne aujourd’hui.

Message d’encouragement :
Je dis souvent aux gens que le fait d’élever mon enfant en lui enseignant nos traditions m’a donné une raison d’être, ainsi qu’une orientation pour mon propre cheminement. Si je veux que ma fille continue à suivre cette voie, je dois également la suivre. En fin de compte, c’est ce qui m’a amené là où je suis aujourd’hui. J’espère continuer à cultiver ces connaissances avec tous mes élèves, mes alliés, mes collègues et mes amis aussi longtemps que possible.

« Dans un an, vous regretterez de ne pas avoir commencé aujourd’hui » – Inconnu