Corey Demarchuk

Janvier 2024

Corey Demarchuk

  • Collectivité d’origine :
    Fraserwood (Manitoba)
    Membre de la Métis Federation, région d’Entre-les-Lacs
  • Identité culturelle :
    Métis
  • Poste actuel :
    Enseignant d’arts industriels et du programme de crédits culturels
  • Éducation et formation :
    Baccalauréat en éducation, Université de Winnipeg

    Diplôme en arts industriels, Collège Red River

    Diplôme postbaccalauréat en savoir autochtone et en éducation des jeunes à risque, Université de Winnipeg.
  • Rôles et responsabilités :
    Mon rôle principal est d’enseigner les arts industriels. J’enseigne l’électronique, le dessin technique et les arts graphiques au Maples Collegiate. Cependant, je travaille au développement de mon rôle et de ma participation en perspectives autochtones et dans notre programme de crédits culturels. Ce programme propose aux élèves autochtones des activités et des expériences d’apprentissage adaptées à la culture et leur donne des possibilités d’apprendre des aînés, des gardiens du savoir et des chercheurs du savoir et de tisser des liens avec eux. Le programme leur permet également de vivre leur culture grâce à une grande variété d’expériences et de possibilités.

    J’ai eu le privilège de grandir dans une région rurale, où j’ai appris dès un jeune âge les leçons que la terre peut vous enseigner. Mon objectif est d’offrir ces mêmes leçons à mes élèves et aux élèves de notre division scolaire, par la chasse, la pêche, la recherche de nourriture et la vie dans la nature.

    Voici quelques-unes des journées culturelles que j’ai dirigées : la Journée de la pêche sur la glace, une sortie de pêche de deux jours au réseau fluvial de la rivière Manigotagan, et la possibilité d’apprendre auprès des aînés et de tisser des liens avec eux.

    Ma contribution la plus récente au programme de crédits culturels était de récolter un chevreuil et de le ramener à notre centre culturel pour faire part aux élèves du processus de récolte. Nous avons discuté des étapes avant et après la récolte et l’importance de respecter le processus.
« Voyez le verre à moitié plein. Soyez positif, optimiste et ne faites pas attention aux mauvaises influences. »

Quels obstacles avez-vous eu à affronter et comment les avez-vous surmontés?
En grandissant dans une région rurale, comme beaucoup d’autres, je ne connaissais pas très bien ma culture métisse, car on n’en parlait pas à l’époque. Je n’ai commencé à en apprendre plus sur l’histoire de notre pays et ma propre histoire en tant que Métis qu’au moment d’entamer mon parcours de formation d’enseignant. Plus j’apprenais, plus j’ai commencé à développer un fort sentiment d’appartenance et d’appréciation à l’égard de mon patrimoine. J’ai commencé à comprendre que certaines des traditions de ma famille étaient en fait liées à des pratiques culturelles autochtones. Ces découvertes ont véritablement suscité en moi une appréciation et une volonté d’apprendre autant que possible au sujet de mes origines autochtones et m’ont appris à reconnaître et à apprécier mes rapports avec la terre et avec notre histoire. Je suis un fier Métis et j’espère favoriser ce sentiment de fierté chez mes élèves.

J’ai également travaillé dans des collectivités qui n’offrent pas ou qui ne priorisent pas les types d’apprentissage auxquels il est si important d’avoir accès, tels que l’apprentissage fondé sur la terre et les rapports avec la culture et avec l’histoire. Il est très difficile de voir les élèves qui ne se sentent pas reliés aux quatre murs qui les entourent dans une salle de classe typique et à qui on dit constamment que ce sont eux les responsables de leurs échecs, oui que si seulement ils mettaient plus d’effort dans leur travail, eux aussi pourraient réussir. Un grand nombre de nos écoles sont obsédées par les systèmes d’apprentissage conventionnels et industrialisés du type « tapis roulant », comme l’horaire en cinq périodes, qui consiste en une chaîne de production de mathématiques, d’anglais et d’autres matières de base qui ouvrent la voie à l’université. Mais ce n’est pas un système efficace pour tous les élèves. Je suis très heureux de travailler dans une division scolaire qui donne la priorité à la culture, à la communauté et à diverses conceptions de l’éducation et de la forme qu’elle doit prendre. Notre communauté est très diversifiée, ce qui est magnifique. Cependant, je crois véritablement que nos stratégies éducatives et les possibilités d’apprentissage que nous offrons doivent tenir compte de la diversité et favoriser l’inclusion de TOUS les élèves.

Qu’est-ce qui ou quelle est la personne qui vous a inspirée à poursuivre la profession que vous exercez maintenant?
Au moment de quitter l’école secondaire, personne qui me connaissait n’aurait deviné que j’allais devenir un enseignant passionné, pas même moi! J’ai travaillé dans les métiers manuels pendant quelques années et j’ai bien réussi, mais je sentais qu’il me manquait les rapports et la passion que je recherchais. Quelques amis et membres de ma famille étaient des enseignants et ils me racontaient souvent leurs expériences. J’étais toujours fasciné et inspiré par leurs histoires. Lors d’une conversation avec l’une de ces amies où j’ai mentionné que j’envisageais de me mettre aux études en éducation, elle m’a encouragé à venir passer une journée dans sa salle de classe. C’était une classe de maternelle, et je dois dire que j’étais épuisé à la fin de la journée, mais j’étais satisfait. J’étais convaincu que c’était ce que j’étais appelé à faire. J’ai décidé de franchir le pas et de changer de carrière. C’est là où mon parcours en éducation a véritablement commencé.

Une enseignante que j’ai rencontrée pendant mon premier poste à temps plein d’enseignant d’arts industriels dans la Division scolaire Interlake m’a inspiré à devenir un leader en éducation autochtone. Cette enseignante m’a pris sous son aile, m’a inspiré et m’a posé le défi d’en apprendre plus sur ma culture métisse. Ensemble, nous avons établi un Club culturel visant à enseigner les perspectives autochtones par la pêche et l’apprentissage fondé sur la terre. Au bout d’un moment, nous étions en mesure de créer un programme qui se terminait par une sortie de quatre jours à Manigotagan où nous apprenions de la terre auprès des aînés. Nous menons ce programme à ce jour et nous essayons de coordonner différents enseignements fondés sur la terre dans nos écoles respectives.

Quelles décisions importantes avez-vous prises qui vous ont aidée à être là où vous êtes aujourd'hui?
Je crois qu’il y avait deux points essentiels qui m’ont amené à ma situation actuelle et qui m’ont donné la possibilité d’occuper le rôle que j’occupe aujourd’hui dans l’éducation autochtone. Le premier était le fait d’achever ma carrière dans les métiers manuels et de plonger dans ma passion de devenir enseignant. C’était une décision qui entraînait beaucoup d’incertitude, la peur d’échouer, et la nécessité de mettre beaucoup de choses établies en attente afin de poursuivre ce chemin. C’était la meilleure décision de ma vie.

Le deuxième point était le fait de quitter le poste d’enseignant dans ma collectivité d’origine. Depuis que j’ai commencé à enseigner, je souhaitais enseigner dans le bâtiment où je parcourais les couloirs lorsque j’étais élève. Même si cette collectivité offrait de merveilleuses choses, j’avais l’impression de rencontrer une impasse quant à l’adoption de perspectives autochtones ou de modèles d’éducation alternatifs. Ce système était toujours contraint par la chaîne de production conventionnelle de valeurs éducatives qui s’avère de moins en moins efficace pour tant d’élèves. Cette impression d’être « coincé » m’a inspiré à faire encore un autre acte de foi et à postuler le poste que j’occupe aujourd’hui, c’est-à-dire le poste d’enseignant dans la Division scolaire de Seven Oaks. Mon poste actuel et la Division scolaire de Seven Oaks m’ont ouvert beaucoup de possibilités, m’ont inspiré et m’ont entouré des personnes dont j’ai besoin, des valeurs et de l’efficacité des enseignements culturels et fondés sur la terre.

Message d’encouragement :
Peu importe votre parcours particulier ou si les choses se déroulent comme prévu, la vie a une curieuse façon de vous pousser dans des directions auxquelles vous ne vous attendiez pas, mais des directions qui étaient probablement nécessaires. Ne vous comparez pas aux autres. C’est votre vie. Écrivez votre propre histoire. Laissez libre cours à votre imagination. Prenez des risques. Identifiez les personnes qui représentent une influence positive et entourez-vous de ces personnes. Reconnaissez les bonnes possibilités et ne les laissez pas glisser entre vos doigts. Voyez qu’il y a quelque chose à apprendre de tout le monde. Voyez le verre à moitié plein. Soyez positif, optimiste et ne faites pas attention aux mauvaises influences. Travaillez fort et trouvez votre passion. Choisissez le bien-vivre.